Trois années se sont écoulées depuis l’excellent The Passing Light of Day. Un album dont la sortie fut quelque peu ternie par le départ tumultueux du guitariste Ragnar Zolberg. Durant cette période, Johan Hallgren a repris sa place, le groupe a beaucoup tourné, et c’est avec une grande curiosité ainsi qu’une certaine surprise que j’ai accueilli l’annonce de Panther au coeur de la pandémie.

Le très intime The Passing Light of Day mettait en musique un des passages le plus sombres et dramatiques de la vie de Daniel Gildenlöw (son long séjour à l’hôpital pour soigner une bactérie mangeuse de chair), Panther se présente quant à lui comme un album tout aussi « personnel », mais pour d’autres raisons cette fois. Daniel l’a en effet quasiment enregistré en mode solo, se chargeant de la totalité des instruments et des parties vocales, à l’exception de la batterie qu’il a laissé à notre Léo Margarit national sur tout l’album sauf « Unfuture » (… et du solo de guitare d' »Icon » interprété par Johan Hallgren).

Les trois singles sortis cet été (« Accelerator », « Restless Boy » et « Panther ») ont d’ores et déjà vendu la mèche… Pain of Salvation continue sa mue et surprend encore avec une musique qui s’enrichit cette fois fortement de nouveaux éléments et sonorités, tout en gardant son identité et en sachant rester familière. A l’instar de ce qu’avait pu faire Paradise Lost du temps de One Second, et plus tard Anathema avec Judgement ou We’re Here Because We’re Here, Pain of Salvation prend un tournant radical et se réinvente.

L’ajout d’éléments empruntés aux musiques électroniques et alternatives (« Restless boy » et son ambiance trip hop, « Panther » et ses parties rappées… et j’en passe). La mayonnaise prend à merveille et les minutes défilent comme le vent. A l’exception peut-être des trois singles un poil en dessous (chose étrange, quoique… souvenez-vous de « Ashes »), l’intégralité de l’album frôle la perfection. Les mélodies dont Daniel à le secret (le magnifique « Wait », qui rappelle fortement Anathema post 2010, tout comme la lancinante intro de « Keen To A Fault »), le fabuleux et incisif jeu de batterie de Léo, ou encore le subtil équilibre entre les passages acoustiques (le quasi bluegrass « Fur », le piano sur le refrain de « Panther », les parties de guitare orgasmiques de « Icon »)… tout ce qui fait la force de Pain of Salvation porte l’album et soigne nos conduits auditifs. Et pourtant tout semble souvent différent et nouveau…

Je dis « semble » car à aucun moment n’apparaît le sentiment d’avoir affaire à un autre groupe que celui de Daniel Gildenlöw. Qui plus est, les deux titres plus conventionnels et familiers concluant l’album (« Species » et « Icon »), ne sont pas sans nous rappeler au bon souvenir de TPLOD (voire même Be…), veillant ainsi à brosser le fan de longue date dans le sens du poil.

Telle une panthère au milieu des chiens (métaphore sponsorisée par Metaforkipu.com), Daniel Gildenlöw continue donc à tracer sa route comme bon lui semble, se moquant des tendances et des étiquettes… ce qui lui réussit plutôt bien ! Une formidable cure de jouvence. Mais également de quoi occuper les longues soirées d’automne en confinement en attendant une tournée (en 2021 ?)

Note: 9/10

L’album est disponible dès à présent via Amazon notamment.